mercredi 25 mars 2015

Bref récit de vie



Schimdt-Rottluff

Je suis née d’une mère allemande et d’un père français (landais). Seulement 20 ans plus tôt deux peuples s’entretuaient … Pas étonnant qu’avec un tel bagage, je sois encline à la médiation, à favoriser le dialogue !… et qu’il me soit possible d’envisager la complexité des situations, des histoires.

Très tôt, j’ai eu envie, à la fois, de découvrir le monde et de soulager ses souffrances. Après Sciences-Po, j’ai passé un diplôme supérieur sur les projets dans les pays en développement. J’ai ainsi pu travailler sur des terres lointaines, auprès de populations vulnérables, pour des organisations humanitaires. Quelques dix ans plus tard, je me suis installée en famille à Marseille. Je suis mère de deux enfants. A Marseille, j'ai d’abord travaillé auprès de personnes fragilisées par les aléas de la vie, dans notre monde, dit, développé. Par la suite, j’ai accompagné de jeunes créateurs d’entreprises courageux et idéalistes qui montaient des projets dans le champ de l’économie sociale et solidaire. Ils m’ont transmis l’urgence citoyenne de notre temps : la nécessité de faire attention à notre empreinte sur l’environnement.

L’appel de la nature m’a fait revenir ma région d’origine : entre océan et forêts, sur la côte landaise. Là où les plages avec les blockhaus gardent encore les stigmates de la guerre. J’ai repris mes études pour pouvoir accompagner des personnes et des familles dans leurs envies de changement…; des personnes, près de chez moi, qu’elles s’expriment en français, mais aussi en anglais, en allemand ou en espagnol.

En tant que thérapeute familiale, je suis titulaire du Diplôme de Formation Supérieure de Clinique Familiale et Pratiques Systémiques de l’Université de Paris 8, et j'ai suivi la formation sur les abords institutionnels et familiaux à l’Institut d’Etudes Systémiques de Bordeaux (formation en 4 ans, avec un cursus de perfectionnement sur la thérapie de couple). Aujourd'hui pour m'étayer dans ma pratique, je suis engagée dans groupe d'intravision entre thérapeutes systémiques du sud-ouest et j'ai une supervision.

Je consulte en cabinet et à domicile, et j'accompagne des équipes de travail éducatif et social avec de l'analyse de la pratique.

Au cours de mes études j’ai fait des stages dans des services de gériatrie, et j’ai apprécié d’échanger avec des personnes âgées et leurs familles. Me sentant compétente pour écouter et pour écrire, j’ai eu aussi l'envie de faire l’écrivain pour celles et ceux qui souhaitent retracer leur vie. J’aime beaucoup cette phrase de Michel Del Castillo « Le souvenir toutefois ne renvoyait pas au passé : il poussait vers l’avant, vers un futur qui était le sens de cette quête… » et c’est dans ce sens là que je voudrais travailler également comme biographe, parallèlement à mon activité de thérapeute.

Qu'est-ce que la thérapie familiale systémique ?

(Photo de la série The Middle)

La thérapie familiale :

La thérapie familiale telle que présentée sur le site de l’EFTA (European Family Therapy Association) « s’intéresse aux problèmes que présentent des personnes dans le cadre de leurs relations avec les personnes significatives de leur entourage et de leurs réseaux sociaux. Il s’agit d’une approche psychothérapeutique reconnue qui vise principalement le système familial en tant qu’unité sociale contrairement à d'autres approches psychothérapeutiques qui se focalisent sur l’individu. 

La perspective systémique – qui sous-tend la pratique de la plupart des thérapeutes familiaux – voit les problèmes d’un individu sous l’angle de la relation avec les différents contextes dans lesquels il vit : c’est-à-dire comme partenaire dans une relation de couple, comme membre d’une famille, en tant que personne avec des loyautés particulières dans le domaine religieux et/ou culturel, tout en tenant également compte des circonstances socioéconomiques et du contexte politique. La pratique systémique regarde le “contexte” comme primordial pour le développement psychologique et le bien-être émotionnel de la personne ».

La thérapie familiale se fait dans un cadre propre à l’empathie, l’écoute active et bienveillante, le non-jugement, et en appliquant les règles de confidentialité.

Quand « quelque chose ne va pas »…

Une personne, une famille, un groupe s’adresse à nous quand la situation est source de mal-être ou de souffrance, et que les solutions déjà tentées n’ont pas donné de solutions satisfaisantes.

Il vient en effet parfois le moment où on sent qu’il faut se faire aider. Pour tenter de changer, évoluer, s’apaiser … et se remettre en dynamique.

Dans le cadre d’une approche de thérapie familiale systémique, nous considérons alors la personne dans son réseau de relations. Qu’une personne vienne consulter seule, ou en couple, en fratrie, ou bien encore avec des parents, grands-parents et enfants, nous envisagerons la situation dans la complexité des relations qui sont les leurs.

Il sera important pour nous de comprendre comment la souffrance, ou le symptôme, s’est installé et quelle est sa fonction dans le système : que permet-il, qu’empêche-t’il, quel pouvoir donne-t-il, et à qui ? En effet certaines attitudes renforcent ou entretiennent le trouble de l’autre. La thérapeute aura pour rôle d’analyser la communication, d’en comprendre les buts cachés et implicites.
Il s’agira également de revenir sur le vécu des âges de la vie. Chaque nouveau cycle de vie correspond à des étapes de remise en question parfois difficiles : naissance des enfants, entrée des enfants dans l’adolescence, séparation, départ des enfants, deuil, retraite...
Le patient sera amené à mettre au clair son besoin d’individualité et d’attachement, à sa famille d’origine d’une part, et à la famille qu’il a créée d’autre part. La thérapeute cherchera avec lui comment établir un nouvel équilibre s’il ne se ressent pas épanoui. La démarche pourra être dirigée sur comment installer de nouveaux modes de communication et de relation épanouissants en attribuant à chacun une place équilibrée entre besoins et désirs.

Le trans-générationnel aura également une place importante. C’est à dire que la souffrance pourra être replacée dans la succession des générations et être comprise au travers des valeurs transmises, des « codes » spécifiques d’une famille, des modèles ("Albert, ce grand-père si vertueux") et contre-modèles ("la tante Maïté, cette teigne"), des secrets, des non-dits, des loyautés spécifiques…L’objectif sera d’aider le patient à s’individualiser, à trouver sa propre vérité, bref , à choisir son « héritage » , pleinement conscient de ses particularités.
La thérapeute utilisera volontiers le langage métaphorique qui surpasse le langage intellectuel dans la compréhension et la résolution d’un problème, et surtout dans l’approche des émotions. Langage symbolique, corporel, ou pictural : tous sont des outils thérapeutiques qui passent par le symbole plutôt que par le fait réel parfois difficile à exprimer. 

Car comme le dit le plasticien belge Duyckaerts : « La métaphore est une activité mentale créatrice de sens ». 



(Photo de réunion de famille - source internet)