mardi 17 mai 2022

Non au Nom

Constance Debré dit NON à son Nom, dans son livre paru chez Flammarion cette année, intitulé "Nom". Exprimer ce Non c'est dire non à l'appartenance à sa famille d'origine. C'est une façon très singulière de dire OUI à soi qu'elle nous raconte : " Ce n'est pas mon nom, c'est mon corps qui m'intéresse" (p 23). Son récit est caractéristique du dilemme qui nous traverse : trouver un juste équilibre entre appartenance et individuation. Le psyhciatre Murray Bowen parle de "différenciation de soi" pour sortir de la « masse du moi familial indifférencié » (Bowen, 1984). L'individuation en anglais se dit "self determination" et j'aime bien ce terme : tâcher de se déterminer soi-même. Faire le tri de qu'on hérite, de ce qu'on veut garder ou laisser. La "différenciation du soi" est un processus de croissance personnelle. Constance Debré en a une approche radicale : "Marcher vers le vide, voilà c'est ça, ce qu'il faut faire, se débarasser de tout, de tout ce qu'on a, de tout ce qu'on connaît, et aller vers ce qu'on ne sait pas. Sinon on ne vit pas, on croit qu'on vit mais on ne vit pas, sinon on reste avec tout le bric-à-brac et on passe sa vie à ne pas vivre". (p 22) Néanmoins son livre s'attele à raconter sa famille, et surtout dans ce qu'elle a de plus tordu, de "wicked". Mais elle se défend d'un quelconque lien de cause à effet : "Avec n'importe quels parents j'aurais écrit le même livre; Avec n'importe quelle enfance. Avec n'importe quel nom. Je raconterai toujours la même chose. Qu'il faut se barrer. De n'importe où et n'importe comment. Se barrer. Aller de plus en plus loin. Géographiquement ou dans bouger. Etre de plus en plus seul."(p 155) Une extrême rebellion dont Murray Bowen aurait probablement conclu qu'elle semblerait être le signe d'un soi peu différencié, tant toute l'énergie (actuelle) est concentrée dans le rejet et le refus.

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