mardi 2 novembre 2021
L'intravision et la supervision pour veiller à rester dans les clous
jeudi 30 septembre 2021
Le conte de Wako
lundi 27 septembre 2021
Un bel espace de rencontres et d'enseignement
mercredi 8 septembre 2021
En présenciel ou en ligne le Colloque du CERAS de Nouvelle-Aquitaine le 25 septembre 2021
mardi 7 septembre 2021
Mon cabinet : rue des tourterelles
jeudi 26 août 2021
Invitation à dire
Je vous propose ici un long extrait d'un article de la psychologue Elodie Gilliot et du sociologue Vincent Tremblay, paru dans Rhizome en 2021, qui a pour titre "Soutenir la santé mentale par l'écoute". Ces auteurs expriment remarquablement bien tout l'intérêt d'"aller parler à quelqu'un" (dont c'est le métier).
J'ai surligné en gras les parties les plus importantes à mon sens.
"Les invitations à dire (soutenues par le cadre et l’écoute) et à clarifier ou préciser les incompréhensions, les questionnements, les souffrances, les difficultés ou encore les souhaits, désirs et volontés (soutenues par les marqueurs d’intérêt) semblent permettre à la personne concernée de se construire et de se représenter, a minima, ce qui l’a conduit à solliciter une aide, une écoute, professionnelle ou extérieure. La représentation de ce qui est vécu comme une difficulté va permettre à certains individus de la circonscrire. Cela peut avoir pour effet bénéfique de rendre ce problème moins envahissant. Trouver, auprès de l’écoutant, une manière de formuler sa souffrance ou ses difficultés conduit en effet à les situer plus précisément et à leur restaurer une place potentiellement plus ajustée, sans que celles-ci prennent le pas sur l’ensemble de ce que la personne est et vit.
8Exprimer ses difficultés auprès d’un Autre qui écoute peut permettre à la personne de les contextualiser. Cela participe en effet à construire ou restaurer une forme de compréhension de ces difficultés, notamment de leurs origines. L’effort réalisé par l’écouté pour être compris de l’écoutant est mis au service d’une fabrication de sens. (Ré)inscrire les difficultés dans leur contexte d’apparition et leur découvrir une ou des raisons d’être peut contribuer à les normaliser, à les rendre moins étranges voire à les accepter ou leur donner du sens. Si cela ne permet pas en soi de dépasser les souffrances, celles-ci peuvent laisser place à un ressenti plus supportable et moins épuisant pour le sujet, libérant alors potentiellement une énergie ou une disponibilité pouvant être, dès lors, mises au service du cheminement vers le mieux-être.
9Verbaliser sa souffrance — soutenue par l’analyse de la demande ici décryptée dans ses effets — apparaît particulièrement utile pour ceux dont le ressenti initial d’angoisse, d’inquiétude ou de souffrance est diffus, labile, insaisissable et, en cela, bien souvent indicible. La formulation de cette souffrance, même si elle est balbutiante ou laborieuse, va alors permettre de rendre peu à peu ce vécu plus consistant, « palpable », donc a fortiori plus facilement partageable et pourquoi pas, là aussi, plus circonscrit, contextualisé et compréhensible.
10Le temps consacré au « dire et faire dire [6][6]Blanchet, A. (2015). Dire et faire dire. L’entretien (2e éd.).… » est considéré comme essentiel pour que celle-ci puisse s’exprimer de manière plus consciente, au sens de plus maîtrisée. Il n’est pas rare, en effet, d’envisager que dans ce cadre le corps prenne le relais pour exprimer somatiquement ce qui n’a pu se dire autrement."
vendredi 20 août 2021
Changer de parents ? ou changer comme parents ?
Merci aux enfants qui m'ont fait découvrir ce fabuleux livre de Claude Ponti, datant de 2008, de l'Ecole des Loisirs.
Voici un Catalogue de parents pour celles et ceux qui voudraient en changer ! Rien de moins que cela ! En page 44, l'auteur rassure les utilisateurs du Catalogue : changer de parents ne coûte rien, les parents échangés seront très heureux dans leur nouvel endroit ... et surtout : il est possible de changer d'avis et de récupérer ses anciens parents sans délais ni frais ! La langue de l'auteur foisonne comme à son habitude de néologismes créatifs et de jeux de mots croustillants.
Je reconnais dans ce florilège de 35 modèles différents les "patterns" des familles que je rencontre. Les familles dans lesquelles je, tu, nous, vous avons grandi. Des versions qui rendent plutôt heureux, et d'autres qui conduisent à des désordres. Heureusement Claude Ponti a prévu des accessoires pour se sortir de l'embarras. Chaque modèle comporte aussi des garanties particulières.
Vous pourriez y reconnaître votre famille, ou la famille dont vous rêvez.
Petite sélection de parents recensés :
Voilà "les enveloppants" (p. 34). "Tenter l'étau !" proclame la légende sous le dessin des deux pieuvres bleues. "Ce sont des parents qui adorent leurs enfants et qui les serrent très fort et très longtemps contre eux. Leur record de serrage est de 107 ans". Le psychiatre sud-américain S. Minuchin nommait ces familles les "enchevêtrées", c'est à dire des familles dont il est difficile de s'extraire. Le processus d'individuation pour devenir un être singulier en dehors de sa famille relève de l'exploit, car comme l'écrit Ponti ces parents sont "d'un caractère embarrabrassant très unissant". Il en conclu : "ces parents conviennent à un enfant à grande capacité respiratoire". Pour sortir de l'étau, s'équiper surtout des accessoires suivants : "désattachant, crème dérapante, bras artificiels surpuissants avec mains repoussantes".
Les garanties des "enveloppants" : AAP (anti-aquaplaning permanent), PEC (pleurs et chagrins), et PPP (pire panique du pire pourilleux).
Ce n'est guère mieux chez "Les trouillons"(p. 35), verts de trouille...
"Réunis sous un même toit imperméable, les trouillons craignent absolument tout. Ce sont les meilleurs spécialistes mondiaux de l'angoisse aggravante". Pas facile de vivre dans ces familles car "les trouillons sont des parents qui ne permettent rien et qui n'autorisent rien d'autre".
Ces adultes, par leur peur, compromettent les possibilités d'initiatives personnelles de l'enfant comme l'explique très bien Françoise Dolto dans le "Complexe du homard" (2007). "Pour enfant moqueur" propose Claude Ponti... mais je me demande si l'humour et le second degré suffisent pour échapper à la peur contagieuse des "trouillons".
La richesse du catalogue consiste en l'offre de "nouvelles familles" comme les décrit le psychologue Salvatore D'Amore, dans son ouvrage de 2010 : "L'émergence des nouvelles familles représente l'un des principaux changements démographiques de nos sociétés occidentales. Qu'elles soient monoparentales, recomposées, issues de la médecine, homoparentales, adoptives, immigrées ou interculturelles, ces familles ont longtemps été perçues comme déviantes voire déficitaires par rapport au modèle exclusif et singulier de la famille " traditionnelle ". "
Ici, elles apparaissent joyeusement dans les possibles possibles.
Un beau dessin pour "La Seule !" (p. 29), qui existe aussi en modèle masculin "Le Seul !" (p. 36)
"La Seule ! est une paire de parents à elle toute seule". "Seule par choix ou par accident, elle vit plusieurs vies en même temps". "Modèle robuste et ingénieux, elle a un travail prenant et des fatigues régulières. Ses larges épaules invisibles lui permettent de tout supporter".
Ce modèle dispose d'une garantie PTT (parent tout terrain) et d'accessoires fort opportuns. J'ai particulièrement apprécié les ressources contenues dans la "septrelle", le "Spectre de femme seule" qu'elle tient dans la main. All included : " Conseils, soutien, confidence, courage. Recettes de famille. Contes et légendes du soir. Réseau de communication avec d'autres parents. Essuie-front. Admiration." Sans oublier le marteau dans une poche et la multi-prise dans l'autre !
Ce parent convient à un "enfant entreprenant". En effet, "avec elle, il faut donc courir, manger, travailler, jouer, rire, aimer, pleurer, chouiner et dormir vite".
Ici l'individuation semble possible, avec notamment l'accessoire adéquat : le "déclencheur d'initiatives personnelles".
Un dessin coloré en double page pour présenter "Les composés" (p. 25), avec pour sous-titre "Plus on est, plus on rit". "Les composés sont agréables à vivre. Il y en a toujours un parmi eux qui a envie de rire. De styles, religions, coutumes, habitudes alimentaires variés, ils permettent à l'enfant subtil d'essayer de nombreuses façons de vivre".
L'enfant qui choisirait ces parents peut aussi commander les accessoires suivants : "cabine d'isolement, ou bien adaptateur pour règles de vie différentes." Mais aussi "cartes et plans de la famille, avec parenté directe, par mariage et divorce, parenté indirecte, secondaire, éloignée, secrète ou inconnue".
Une autre famille des "nouvelles nouveautés" est celle des "Cinq papas" (p. 32), qui existe aussi en version féminine (p. 16). Ils sont cinq mais ils pourraient aussi bien être deux.
"Ces cinq papas font, à tour de rôle, d'excellentes mamans, de merveilleux oncles de velours, des cousins rigolmarants, des nièces adorabisouteuses très douces, et bien sûr de très bons papas".
Leur garantie ? La RTT (rigolmarrade, trichatouillade et tartigolade) bien sûr !
Bref, un livre à découvrir ou à redécouvrir seul.e ou en famille, pour ouvrir des pistes sur sa famille d'origine, ou la famille que l'on a créée. Une lecture avec un enfant peut lui permettre d'énoncer ses ressentis et ses attentes. Un livre jeunesse qui offre une possibilité de changement...
N'est-ce-pas un peu ce que viennent chercher les parents qui osent la thérapie familiale systémique ? Changer en famille, ou autrement dit changer sensiblement dans leur façon d'interagir avec leurs enfants.
mercredi 21 avril 2021
Vous avez dit Gaslighting ?
A l'heure où nous recevons de nombreuses sollicitations pour changer de fournisseur d'énergie, voilà que je vous parle de "lighting", soit d'éclairage. Bizarre ? Ne vous inquiétez pas ceci n'est pas une publicité déguisée pour un opérateur, mais un focus sur une transaction relationnelle néfaste nommée "Gaslighting" par les canadiens. De quoi s'agit-t-il ?
L'expression fait référence à un film où un mari resserre l'emprise sur sa femme en lui laissant penser qu'elle est folle, qu'elle a des hallucinations. Comment procède-t-il ? Il baisse l'intensité des lumières dans la maison, mais prétend qu'il n'en est rien quand Madame lui demande naïvement : "N'as-tu pas remarqué que la lumière a baissé ?". Il affirme que c'est elle qui a un problème. Voilà bien, le fin mot de l'histoire : "C'est TOUJOURS toi (l'autre) qui a le problème".
Difficile de vivre dans une relation où l'autre s'applique à vous culpabiliser, à vous dénigrer et à vous faire douter de vous-même. Quel intérêt aurait-on à faire ça me diriez-vous ? Prendre le contrôle sur quelqu'un, rester toujours en position haute dans une relation sans complémentarité. Certaines personnalités difficiles peuvent avoir besoin de ça, hélàs.
Ce petit tableau anglophone propose des réponses adaptées si on se trouve face à une personne pratiquant le "gaslighting" ; cela peut-être dans le couple, ou dans une situation professionnelle :
- Autant que possible, ne vous engagez pas dans le débat.
- Dites : "Nous avons un souvenir différent des choses", ou bien "Je t'entends, mais ce n'est pas mon vécu".
Si la discussion s'envenime, dites "J'arrête là cette conversation", ou bien : "Si tu continues à t'adresser à moi de cette façon, je me retire de cette discussion".
Enfin, tentez : "Je suis ok pour rechercher une solution avec toi, mais je ne suis pas d'accord pour remettre en question mes ressentis".
Suivez l'expression française : n'acceptez pas que quelqu'un veuille vous faire prendre des vessies pour des lanternes !
vendredi 12 mars 2021
Rencontre avec un ogre déguisé en prince charmant...
Une femme devient écrivain à 48 ans pour raconter comment elle a été dans sa jeunesse sous emprise d’un homme plus âgé, et comment cette histoire a laissé des stigmates sur toute sa vie.
Elle avait 14 ans et lui, un célèbre écrivain, 36 ans de plus. Elle relate comment sa mère, son entourage, n’ont pas voulu/pu la protéger de cette relation amoureuse avec cet « ogre », comme elle le nomme aujourd’hui.
Les mots de Vanessa Springora dans « Le Consentement » paru en 2020 m’ont semblé tellement justes, que j’ai eu envie de partager sur ce blog certains passages qui parleront à celles/ceux qui connaissent ou ont connu l’emprise.
Mettre en mots l’indicible permet de pouvoir prendre du recul et se détacher de la situation.
Dans une approche systémique, Vanessa Springora nous présente d’abord le contexte : son enfance au milieu du conflit de ses parents, son père absent, sa mère peu protectrice ; et elle dessine peu à peu le cadre qui fait d’elle « la proie » :
« Un père aux abonnés absents qui a laissé dans mon existence un vide insondable. Un goût prononcé pour la lecture. Une certaine précocité sexuelle. Et surtout, un immense besoin d’être regardée. Toutes les conditions sont maintenant réunies. » p 33
Quand l’écrivain la séduit, elle consent : "Grâce à lui je ne suis plus la petite fille seule qui attend son papa au restaurant. Grâce à lui, j’existe enfin. » p 88
L’emprise se met en place.
« Je ne sais pas ce qu’est une personne pour qui l’autre n’existe pas » p 133
Elle met en lumière quelques mécanismes à l’oeuvre :
- La dépossession "Il existe de nombreuses manières de ravir une personne à elle-même. Certaines semblent au départ bien innocentes" p 81
- L’instrumentalisation des faits et de l’autre
« Chaque épisode de sa vie est instrumentalisé » p 106
- La violence morale
« Je pense encore qu’il n’y a de violence que physique. Et il manie le verbe comme on manie l’’épée. D’une simple formule, il peut me donner l’estocade et m’achever » p 133
Le prince charmant n’est pas charmant. C’est un ogre qui la blesse, l’humilie, la réifie. Deux ans plus tard, la jeune fille commence à pouvoir ouvrir les yeux et sortir de l’emprise : elle nomme ce chapitre " La déprise ".
« Je suis assez grande pour entrevoir l’imposture de la situation » p 133
« Je ne suis plus dupe de son jeu » p 134
« Il tente de brouiller les pistes, d’égarer ce sixième sens qui me permet de plus en plus souvent de détecter ses mensonges. J’ai découvert peu à peu l’étendue de son talent de manipulateur, la montagne d’affabulations qu’il est capable de dresser entre lui et moi. C’est un stratège exceptionnel, un calculateur de chaque instant. Toute son intelligence est tournée vers la satisfaction de ses désirs. » p 146
Elle quitte l’homme et essaie de retrouver le cours de sa propre vie. Mais le vécu douloureux a laissé une « empreinte « .
« Je me sens comme une poupée sans désir, qui ignore comment fonctionne son propre corps, qui n’a appris qu’une seule chose, être un instrument pour des jeux qui lui sont étrangers »
p 160
« Je ne suis plus qu’une boule de rage qui s’épuise à faire comme si tout allait bien, à donner le change. Cette colère, j’essaie de la taire, je la cache en la redirigeant contre moi. La coupable c’est moi » p 158
« Et quand je ne peux plus masquer toute cette détresse, je sombre dans des états dépressifs en ne souhaitant plus qu’une chose : disparaître de la surface de la terre » p 158
La « poupée cassée » du Monsieur lutte courageusement pour rester en vie. Elle se fait aider par un psychanalyste, erre, se perd, se retrouve, se reperd à nouveau.. avant de pouvoir dire :
« Il m’en aura fallu du temps pour retrouver chemin de mon propre désir » p 180
« Il m’en aura fallu du temps, des années, pour enfin rencontrer un homme avec qui je me sente pleinement en confiance » p 180
Vanessa Springora libère la parole sur une époque où le statut d’artiste conférait, semblait-t-il une « bonne » excuse pour être au dessus des lois et de la protection de l’enfance.
Vanessa Springora se libère encore un peu plus de l’emprise.
« Ecrire c’est redevenir le sujet de ma propre histoire. » p 202
Cet ouvrage favorise la résilience. La confrontation au traumatisme et à la blessure viennent étayer la créativité de l’autrice, qui ici, comme sujet résilient, démontre son précieux potentiel qui l’aide à poursuivre sa trajectoire de vie dans de bonnes conditions.
Et, elle trace avec ses mots un chemin pour d’autres mots, et d'autres résiliences.
lundi 22 février 2021
Le site du CERAS Nouvelle-Aquitaine est en ligne
Le site de la jeune association Centre d'étude et de recherche sur l'approche systémique de Nouvelle-Aquitaine, "fille" du CERAS de Grenoble fondé en 1980, est en ligne : http://cerasaquitaine.org.
Nous sommes heureu.x.ses de suivre la trace de nos avisés prédécesseurs, systémiciens de la première heure, dont bien sûr Yveline Rey. Nous poursuivrons le chemin pour faire connaître l'approche systémique dans l'accompagnement des personnes, familles et institutions.
Vous trouverez sur le site des actualités, nos événements, des adresses de thérapeutes ...
En tant que secrétaire de l'association je m'efforcerai de faire du lien avec les autres acteurs de la relation d'aide sur le territoire aquitain, et avec les futur.e.s adhérent.e.s.
lundi 18 janvier 2021
Trouver le chemin malgré l'incertitude
En cette année qui démarre, je vous souhaite à tous et toutes de trouver en vous les ressources de force et créativité pour faire face à l'incertitude.
Un témoignage reçu de Madame C. que j'ai accompagnée m'a fait l'effet d'un beau rayon de soleil :
"Merci de l'aide que vous m'avez apportée et je crois que vous m'avez aussi donné les outils pour passer les grosses vagues !".
Comme quoi une psychothérapeute, c'est presque comme un prof de surf ;-) !